Exposition à San Antonio / Texas du 8 décembre 2018 au 5 janvier 2019 à Lone Star Art District.
Balades Parisiennes
Paris et moi, une petite histoire. Je suis née à Montreuil dans la banlieue parisienne, le 9-3 comme on dit. Mes premières rencontres avec Paris, elles se font très jeune, avant mes cinq ans. Dans les bistrots, les cafés et le Café de Flore. Mes parents et mes grands-parents travaillaient dans la restauration. Je passais d’ambiance en ambiance, de tapis en mosaïque. Des lieux étranges, parfois petits et obscurs et d’autres fois immenses et lumineux. On pouvait y entendre les cris et les chuchotements, un peu comme dans une cours de récré pour les grands.Assise sur une chaise plus haute que les autres, un bavoir brodé de fils rose, j’observais autour de moi. L’odeur du tabac parfumait mon banana split. L’odeur du croque monsieur et les cris du chef cuisinier ! Le bruit de la bière pression et le clic du décapsuleur ! Les bla-blas et le lave vaisselle, la tasse qui se casse, les bruits de chaises, une explosion attractive qui maintient mes yeux et mes oreilles, alors que ma bouche ouverte reste béante. Un garçon de café en tablier, bien coiffé et rasé de près, s’approche de moi en demandant avec délicatesse : “ Que désirez-vous mademoiselle ?” Je ferme les yeux et me voilà avec ce patron de bar mal rasé et le tee-shirt grisonnant me demandant : “Et pour la p’tite, ça s’ra quoi ?”. Il porte son torchon sur l’épaule et se retourne pour essuyer un verre. “Un jus d’abricot !” Le silence et le bruit, la vie et l’illusion… Paris, c’est ça, les opposées et la contradiction, c’est un peu fou, c’est un peu moi.Mais entre les bars et les cafés, il y a Paris, Paris nue. Paris qui vous engouffre dans son vent, qui vous enlacent et vous saisie. De nos pieds, nous déposons des caresses, mes pieds frôle le sol, impossible marche à pied. Paris s’agite. Mon regard se balade flou, dans ces noirs et blancs, dans ces morceaux de pierres et ces bouts de ciel. Mes chaussures rouges vernis trébuchent sur le trottoir. Je virevolte, que le ciel est blanc. Nous voici en plein marathon sous terre ! Un tour dans le tourniquet et nous portons des bottes de sept lieu, en deux enjambées, une quinzaine de marche. Enfin, nous y sommes ! Dans le wagon ! écraser, je ne vois que des pantalons, les néons aux plafonds m’éblouissent, impossible de voir vos visages transparents. L’alarme de la fermetures des portes retentit. Un apaisement tombe dans le wagon jusqu’à la prochaine station, dans deux minutes….et… et hop, on saute du wagon comme dans un film de cow boy ! Je ne sais pas à quelle station nous sommes mais elle est orange ! Orange, comme je n’ai jamais vu, et cet immense panneaux bleu ! C’est moche ce bleu ! De nouveau mon corps semble voler, je ne vois que ces carreaux blancs. Nous allons prendre le RER. Je ne me souviens plus de cette partie. Je rentre chez moi, il y a mon chien ; Blacky. Paris, aujourd’hui je te rend visite, je t’habille de nos souvenirs, de mes couleurs, de nos amours. Paris gardienne de ces sourires disparus, tu verses dans la Seine mes larmes de ces jours heureux.
Jessica Pliez
Parisian Strolls
Me and Paris, that’s a little story. I was born in Montreuil in the suburbs of Paris, or the 9-3 as they say.My first encounters with Paris were very early, before I was five years old. In the bistros, the cafes, and Le Café de Flore. My parents and my grandparents work in the restaurant industry. I went from atmosphere to atmosphere, mosaic carpets. Strange places, sometimes small and obscure and other times immense and luminous. One could hear cries and whisperings in these places, a bit like in a playground for adults.Sitting on a chair higher than others, a bib embroidered with pink thread, I observed around me.The smell of tobacco perfumed my banana split.The smell of croque monsieur and the cries of the chef ! The sound of draft beer and the click of the bottle opener ! The blah-blahs and the dishwasher, the cup that breaks, the noise of chairs, an attractive explosion that holds my eyes and my ears, while my open mouth remains gaping.A waiter wearing an apron with well-groomed hair and a clean-shaven face approaches me, delicately asking: “What do you desire, miss?” I close my eyes and here I am with this unshaven barman in a graying T-shirt asking me: “And for the little girl, what’ll it be?” He carries his dish towel over his shoulder and turns to wipe a glass."An apricot juice!"Silence and noise, life and illusion…Paris, that's it, opposites and contradiction, it's a little crazy, it's a little me.But between the bars and the cafes, there is Paris, naked Paris. Paris who engulfs you in its wind, who embraces you and seizes you. From our feet, we leave caresses, my feet touch the ground, impossible walking. Paris stirs. My eyes wander, blurred in this black and white, in these pieces of stone and these bits of sky. My varnished red shoes stumble on the sidewalk. I twirl so that the sky is white.Here we are in full underground marathon ! A turn in the turnstile and we wear seven-league boots, in two strides, a two week walk. Finally, we are there! In the wagon ! Crush, I only see pants, neon lights to the ceilings dazzle me, impossible to see your transparent faces, the alarm of the closing doors sound. A calm falls over the wagon until the next station, in two minutes ... and ... and hop, we jump from the car, like in a cowboy movie! I do not know which station we are at but it is orange! Orange, unlike I’ve ever seen before, and these huge blue signs ! It's hideous, this blue ! Again my body seems to fly, I see only these white tiles. We will take the RER. I do not remember this part anymore. I go home, there is my dog, Blacky.Paris, today I visit you, I dress you with our memories, my colors, our loves. Paris, guardian of these vanished smiles, you pour into the Seine my tears of those happy days.
Jessica Pliez (Translated by Audrey Gibson)
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